deux pas en arrière disait le camarade Vladimir.. Je n'avais pas prévu d'utiliser cette citation jusqu'à vendredi dernier. Je voulais plutôt citer la blague juive du rabbin, du pauvre et de la chèvre (voir lien) et de faire le parallèle entre tous les objets synthétiques en métal, en plâtre ou en plastique qui ont entouré ma jambe jusqu'en décembre dernier. Car oui, objectivement, c'est à dire si l'on regarde l'objet humain que je suis, je vais mieux,beaucoup mieux. Après un passage par une nouvelle orthèse qui me permettait de marcher en pliant la cheville, j'ai un peu trop abusé de cette nouvelle liberté et je me suis payé une algoneurodystrophie. Un mois de repos du pied et un vingtaine de piqûres dans une partie charnue et aujourd'hui je peux marcher sans autre aide qu'une ou deux cannes. Tout ça étant dit, la semaine dernière j'ai eu de nouveau une fistule, rien de grave en apparence, juste un écoulement là où la peau est fragile sous la greffe. J'en ai déjà eu un en décembre dernier, plus grave celui-là puisqu'il y avait une infection, mais trois petites semaines d'antibiotique et le tour était joué ! Par prudence néanmoins j'envoie une petite photo à mon infectiologue favorite la doctoresse P.A qui me dit de faire une échographie et me prend un rendez-vous au CHU Sud avec mon nouveau chirurgien le docteur R.D. Je passe aussi une radio, on m'installe dans une salle de pansement et j'attends patiemment grace à la lecture de Freedom (J.Frazen).Ces salles sont en enfilades et les médecins passent de l'une à l'autre pour donner leur verdict au vu de l'état du membre récemment opéré. Je me rends compte que je suis à part quand l'infirmière me demande de quand date ma dernière opération et que je lui réponds septembre 2011. Le grand patron le professeur S. passe dans ma salle, mais continue quand on lui dit qu'il ne me "suit" pas. Mon brave R.D arrive, me demande de lui rappeler ma situation, car mon dossier est aux archives (?!). Je fais un résumé des derniers épisodes, il regarde ma jambe et l'air perplexe me dit " je vais demander au patron de venir voir". S arrive, R.D lui résume mes 20 mois de plaisirs en moins d'une minute et tout d'un coup S se tourne vers R.D et lui "papineau ! " il faut faire un papineau comme on l'a fait pour X ! Vous voyez ?. Oui, oui répond R.D. allongé sur ce lit-brancard je pose la question qui me tuera : "En quoi ça consisté ?. Eh bien c'est simple me répond S, on coupe de là à là en montrant mon tibia du haut en bas, on écarte on enlève tout, on gratte l'os jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de zone infectée, on laisse ouvert pour que çà bourgeonne puis on referme si besoin avec une greffe de peau et éventuellement une greffe d'os en prise dorso-illiaque !" En moins de temps qu'il faut pour le dire il venait de me ramener 20 mois en arrière quasiment au jour de mon accident ! J'étais allongé mais il a fallu que je me tienne au lit. Mais je vais en avoir pour plus de 6 mois lui dis-je. Oui, répond-il au minimum, "papineau" c'est ce qu'il faut faire ! et sur ce il s'en va dans la pièce à côté. Je ne savais pas s'il fallait pleurer ou hurler mais le docteur RD voyant ma tête me dit de suite. Je vais appeler P.A (l'infectiologue) sur son portable bien qu'elle soit en vacances. Après une brève discussion je comprends qu'elle n'est pas d'accord et RD tente de me rassurer "On ne va pas vous sauter dessus, vous allez passer un scanner, faire des pansements pendant la semaine prochaine et on se voit à mon retour de vacances". Je suis fracassé, pas dans la jambe mais dans la tête. L'impression de vivre un nouveau cauchemar. Je vous passe les heures qui ont suivi. Afin d'avoir rapidement un nouvel avis, j'envoie un mail au docteur J.B qui était le responsable dans l'aile où j'ai longuement séjourné à Rocheplane. Au téléphone, il me rassure :"Pour S. tout ce qui n'a pas été fait dans son service ne vaut rien, chez lui il n'y aurait soi-disant jamais d'infection ! Ce que je vois c'est qu'il faut temporiser et que pour moi une telle intervention ne me semble pas avoir lieu d'être. Tu consolides bien, pas d'autres signes d'infection (CRP, fièvre,...) donc le plus urgent c'est de ne rien faire". je résume mais ce discours me rend plus serein.

Comment est qu'un chirurgien peut ainsi décider avec une telle certitude et si peu d'informations. Soit c'est un génie soit un fou malfaisant.Je n'avais pas l'impression qu'il me voyait réellement comme un être vivant, mais plus comme un "cas" qu'il serait intéressant (marrant ?) de traiter avec ces bonnes vieilles méthodes.Aucune empathie, pas un mot sur le pourquoi et les conséquences de ses paroles. J'avais déjà dans un précédent billet écrit sur la relation patient/ médecin mais là on passe du paternalisme au sadisme. Et dire qu'il forme des futurs chirurgiens qui je l'espère ne seront pas comme lui. Y-a-t-il eu déjà une étude sur les caractères(riels) des chirurgiens ? Et ce n'est pas la lecture de ce blogblog qui va me rassurer. Donc j'attends, mais bien décider 1 à ne plus voir ce S aussi grand professeur soit-il 2 d'aller voir aussi ailleurs s'il s'avérait qu'il faut s'orienter vers cette solution. Je ne suis pas encore complètement réparé, mais je n'ai pas envie qu'on casse tout pour un hypothétique mieux. J'ai peut-être une infection "dormante", mais je marche et je commence à revivre. So wait and see. PS : ceux qui veulent voir ce qu'est une méthode "papineau"(cliquez) Attention images peuvent heurter les personnes sensibles...