Questions posées pratiquement tous les jours par ceux qui voient la taille impressionnante des cercles Ilizarof et de la quinzaine de broches qui transpercent ma jambe. Au début oui, le moindre geste qui tendait à essayer de mettre ma jambe à la verticale était insupportable. Maintenant grâce au temps, à la kinésithérapie, à l'ergothérapie, à la modification de ma chaussure gauche (une talonnette) je peux marcher avec des béquilles. Le but est d'avoir un appui maximum sur la jambe gauche ce qui devrait favoriser la consolidation. La douleur elle n'est plus là. Elle est qu'aujourd'hui que cela fait 11 mois que j'ai eu mon accident. Elle est qu'au-delà de juin puis de septembre je ne sais pas ce qui va se passer si cette foutue consolidation n'arrive pas !Elle est dans cette infection qui est là sans qu'on la voit ! Elle est dans ces montagnes si proches et pourtant inaccessibles. Elle est dans cette mer qui se réchauffe mais où je ne pourrais pas tremper un orteil (enfin les orteils oui mais pas plus). Elle est dans le merdier que cet accident a mis dans ma vie familiale, professionnelle et sociale. Alors que faire comme disait Vladimir ? Parfois je crie, plus rarement je pleure (il paraît qui' faudrait plus). Alors pour la surmonter, je fais comme lors de ces randonnées qu'on fait pour la première fois et dont on ne voit pas l'arrivée. Pas à pas. L'un après l'autre. Sans regarder plus loin. Pourtant le guide avait dit 4h30 de marche,,ça fait 4h20 et on voit toujours rien ! Et oui mais juste derrière cette moraine le lac bleu-vert et son glacier vont apparaître et on en prendra plein les yeux. La semaine dernière je ne pouvais pas rester assis à une chaise plus d'une ½ heure, aujourd'hui hui je peux y passer l'après-midi. Il y a quelques jours je marchais en m'appuyant à fond sur les béquilles,là je les tiens à l'envers comme de simples cannes . Voilà , ça fait pas mal. Pas à pas.

« Avec la garde montante nous arrivons, nous voilà! Sonne, trompette éclatante! Ta ra ta ta ta ra ta ta. Nous marchons, la tête haute comme de petits soldats, marquant, sans faire de faute, une, deux, marquant le pas. Les épaules en arrière et la poitrine en dehors, les bras de cette manière, tombant tout le long du corps. Avec la garde montante nous arrivons, nous voilà! Sonne, trompette éclatante! « CARMEN de Bizet Acte I Scène II Livret de Meilhac & Halévy

20050904_Lac_de_Quilrlies_0030b.JPG Lac de Quirlies Septembre 2005